Récit de course : UTPMA 2015

septembre 28, 2015 by  
Filed under News

Après de nombreuses demandes, voici un compte rendu sur l’UTPMA 2015, (du moins, ma vision et mon ressenti).

Inscription

L’aventure commence fin 2014, lorsque notre bon président (Guy C.) propose de participer avec lui, à un Ultra en Auvergne  (UTPMA 105km 5600m D+ ). Pour lui, ce ne sera qu’une course préparatoire en vue de participer au Trail bourbon à la Réunion. Pour nous (Stéphane B. et moi-même) ce serait notre 1er ultra à 3 chiffres.

parcours

UTPMAdenivele
Personnellement, j’hésite quand même avant de m’inscrire, la distance et le dénivelé annoncés (105km pour 5600m D+) me font un peu peur. Grosse question existentielle.
Comme en course à pied  il ne faut pas trop réfléchir : je m’inscris d’abord, pour le reste je verrai plus tard.
L’inscription est faite dès mi-décembre, nous sommes donc 3 cacous inscrits à challenge, accompagnés par une grosse délégation de l’AS Orange Cesson. (C’est d’ailleurs eux qui se chargeront d’une grosse partie de la logistique comme l’hébergement, la réservation de resto… et là je dois dire que c’est royal ! Tout ça sans compter la super ambiance du groupe ! )

 

Préparation

Le plus facile est fait, il ne reste plus qu’à courir maintenant. La course à lieu le 20 Juin 2015, il reste 6 mois de préparation pendant lesquels nous réaliserons quelques courses préparatoires Trail des corsaires (64km), Trail des 3 chapelles (43km), Trail de Guerlédan (56km) ainsi que pas mal de séances longues. Beaucoup de kilomètres en perspective.
Fin Mai 2015, malgré les courses réalisées et les kilomètres parcourus à l’entrainement, je ne sais toujours pas comment je pourrai parcourir 105km (sans compter le dénivelé qui me parait énorme).

En juin, l’échéance se rapproche et la pression monte d’autant. Le matériel est prêt depuis quelques temps, mais la question  “bâtons ou pas” se pose encore.
Je décide finalement d’en acheter même si je ne sais pas m’en servir. Je n’aurai pas le temps de faire de séance spécifique pour apprendre. On verra sur place…
De toute façon, depuis début juin, ce n’est pas mon problème principal. Je ne sais finalement pas si je pourrai participer à la course car une douleur au pied m’empêche de courir. C’est donc repos obligatoire et une question qui me taraude : Est-ce vraiment la peine d’aller jusqu’à Aurillac pour ne finalement pas courir?

Poussé par mes 2 compères, je décide tout de même de faire le voyage et de tenter de prendre le départ, mais sans être vraiment convaincu. Je me dis que je profiterai tout de même de l’ambiance.

 

L’avant course

Nous partons la veille pour un périple d’un peu plus de 600km. A 4 dans la voiture, (Guy C., Stéphane B., Yvann un ami de Guy et moi-même), l’ambiance est bonne, ça commence déjà à se chambrer avec d’autres coureurs de l’AS Orange.
Nous arrivons en fin d’après-midi à Aurillac. Nous retrouvons certains groupes de l’AS Orange déjà arrivés à l’internat où nous serons logés et nourris quelques jours.
A l’heure du repas, nous dinons au relais d’Alsace à Aurillac. Ah l’Alsace! Bien connue pour ses spécialités diététiques. Au menu pâtes et bière (voir 2 bières et du vin pour certains). C’est l’heure des défis et des provocations entre coureurs. Les grandes gueules d’Orange sont en pleine forme.

De retour, à l’internat, il faut penser au repos : dernière nuit avant le départ.
Je ne sais pas si c’est la digestion, le stress ou les ronflements de Guy, mais je ne dormirai pas bien.
Au petit matin je me réveille complètement décalqué!
Après le petit déjeuner, nous partons chercher nos dossards au centre des congrès.
On nous y propose des dégustations de produits locaux : pâté et jambon.

1393905_1036302096394897_2035575951358896133_n
-Dossards-


11200875_1036348739723566_1646820837758030253_n
-Test du Podium : pas fait pour nous, trop bas de plafond-

Le déjeuner est dans la même lignée : bière et pizza.
Ah diététique quand tu nous tiens !

De retour à l’internat, l’heure de la sieste est vraiment la bienvenue. Repos obligatoire pour tout le monde. Je ne dors pas vraiment profondément, mais c’est toujours ça de pris.
Nous repartons ensuite pour le centre d’Aurillac et le briefing d’avant course, suivi de la traditionnelle pasta-party.

1976922_1036449733046800_8253842084667886359_n
-Briefing : chercher un crâne connu-

10012508_1036470703044703_5239057521931322406_n
-Pasta-party au soleil-

Ensuite c’est une longue attente avec le stress qui monte.

 

La course

Quelques temps avant minuit, nous rejoignons le départ en tenue, ça y est, nous y sommes. Nous sommes un peu plus de 500 à nous amasser sur la ligne de départ.
Je n’ai pas couru depuis 3 semaines, avec toujours cette douleur au pieds. Je ne sais pas jusqu’où je vais pouvoir aller J’espère au moins pouvoir rallier le 1er ravitaillement à 17km.

11428959_845930212167506_246148348_n
-Avant le départ-

A minuit, compte à rebours et départ.
Je ne m’enflamme pas, je laisse filer Stéphane, je ne pense pas, de toute façon, avoir ce qu’il faut pour le suivre.
Guy part à son rythme sans doute un peu derrière, je pense peut-être le revoir plus tard.
Je ne sens pas ma douleur au pied, mais je reste tout de même méfiant.
Nous laissons rapidement derrière nous les lumières d’Aurillac, et nous nous enfonçons dans la nuit, la lampe au front.
Si c’est la foule au départ, les écarts se creusent et l’on se retrouve rapidement en petits groupes plus réduits.

Quelques kilomètres passent. Nous sommes quelques fois obligés de passer par dessus des clôtures en escaladant des sortes de gros chevalets en bois. C’est lors d’un de ces passages que quelqu’un m’interpelle par derrière : “Ben qu’est ce que tu fais là mon Seb?”. C’est Stéphane que j’avais dû dépasser sans m’en rendre compte. (Un arrêt technique?)
Je reste donc avec lui. Nous passons rapidement le 1er ravitaillement à Velzic avec déjà 17km au compteur. Pour l’instant ça tient.

Nous avançons bien dans la vallée de la Jordane. De toute part, nous entendons l’eau ruisseler, sans doute à cause des pluies tombées la veille. Mes chaussures ne tardent pas à ressembler à des piscines.
En remontant sur les crêtes, nous enfilons nos vestes. Nous étions partis en T-shirt à minuit, mais en plein cœur de la nuit, le vent frais qui s’est levé nous oblige à nous couvrir.
Le terrain devient très très glissant et en descente cela devient vraiment casse-g…..

Nous arrivons au ravitaillement de Mandailles (37km) avec les premières lueurs du jour.
Nous courons depuis 5h40.
Nous nous ravitaillons un peu plus longuement. Le café chaud nous revigore.
Nous repartons et nous sortons les bâtons qui jusqu’à maintenant étaient restés accrochés sur le sac. Après Mandailles, ça monte sec  : une montée interminable de 800 D+ nous attend. Vitesse moyenne : 3.6km/h et même à ce rythme c’est dur! Même si je n’avais jamais utilisé les bâtons auparavant, je me rends bien compte de leur utilité dans de telles montées.

Maintenant que le jour est bien levé, nous pouvons enfin admirer les superbes paysages d’autant plus que nous suivons des crêtes en direction du puy Mary.

Photo0090

Photo0089

Photo0087

Au pied du puy Mary (Pas de Peyrol), nous nous arrêtons un peu et nous retrouvons Yvann. Il semble moins bien dans les côtes mais très bon dans les descentes. Au final, nous nous suivons. Direction le sommet du puy Mary, puis le puy de Peyre Arse.

Photo0084
A 55km, nous commençons la descente vers le Lioran. 500m D- sur 2.5km. Ouff, ça fait mal aux cuisses.
Nous arrivons à la station du Lioran (60km) avec son ravitaillement. Nous entendons la sono, c’est bon…. Et non, on nous renvoie sur une dernière grosse côte, sinon ce serait trop facile. Visiblement, le ravitaillement ça se mérite.
Nous nous ravitaillons bien et nous nous posons un peu. C’est bon, mais il est d’autant plus difficile de repartir. Nous courons depuis 11h, je n’avais personnellement jamais couru aussi longtemps, et j’ai sans doute déjà explosé mon record de D+ cumulé lors d’une course.

Nouvelle difficulté, nous devons monter au sommet du puy Griou puis redescendre. Cette partie s’apparentera plus à de l’escalade qu’à du trail. Je n’en ai toujours pas compris l’intérêt.

-Puy Griou-

Je commence à avoir vraiment très mal sous les pieds. (  J’aurais dû changer de chaussettes ? ;o)   ). En dévers et en descente la douleur empire. Je serre les dents.

Nous cheminons à 3 avec Stéphane et Yvann. Nous nous soutenons. il reste encore 40 km. Cela devient difficile de courir, surtout en descente. Yann quant à lui semble encore galoper comme un cabri.

Arrive le ravitaillement du Perthus (70km), en mode robot, boire manger repartir… aïe bobo les pieds. On débranche le cerveau pour tenir.

Quelques SMS d’encouragement des proches sont toujours bons à prendre.

 

Au ravitaillement de Cayla (84km), je pense réellement à jeter l’éponge. L’idée me trotte dans la tête depuis pas mal de kilomètres maintenant. Mon téléphone ayant sonné lorsque je courrais, je vérifie mes message : Ma sœur m’annonce qu’elle part de Lyon pour venir me voir, elle m’attendra au ravitaillement de St Simon (Petit clin d’œil familial). Pas le choix, je continue …

Nous nous faisons rattraper par un autre groupe de l’AS Orange. Pour ma part, pas possible de les suivre.

Au ravitaillement de de St Simon (95km), ma sœur est là avec son ami. Nous discutons, mais pas trop longtemps sinon on ne repart plus. Ils ont décidé d’aller m’attendre à l’arrivée. Il faut donc finir, j’ai la pression !

20150620_194604
-Ravito de St-Simon-

Nous nous rapprochons d’Aurillac, les premier lotissements, on se dit que c’est la fin. En fait non, on nous a réservé une dernière petite douceur. Il faut remonter au puy Courny puis redescendre vers Aurillac. Au puy Courny, lors d’un passage de clôture, je me prends un gros coup de bourre… là y’en a marre, plein le c.. !

Nous devons rallumer les frontales, la nuit tombe. Je ne pensais pas avoir besoin de ressortir la lampe du sac. Nous redescendons vers Aurillac, mais pas par les chemins les plus courts il me semble. J’ai l’impression qu’on nous balade un peu. Nous passons dans des parcs, nous escaladons des chevalets pour franchir des clôtures (alors qu’on a déjà plus de 100 bornes dans les jambes et qu’il fait nuit.)

 

Enfin l’arrivée

Enfin le bruit de l’arrivée et de la sono se fait plus fort, nous sommes tout proche. Sur le côté j’aperçois Guy, déjà changé et tout propre. Une fraction de seconde je me dis : “Il nous a doublé, on ne l’a pas vu et il a même eu le temps de prendre sa douche”.  Sans doute un manque de lucidité sur le coup. Je me reprends en me disant que c’est Guy quand même ! Il a seulement dû abandonner.   ;o)

Quelques dizaines de mètres et nous franchissons la ligne d’arrivée, fin de notre “calvaire” en 22h42. Ma sœur m’y attend et nous retrouvons d’autres coureurs du groupe.

 

20150620_224214
-Yvann, Seb, Stéphane : pas mal de km faits ensemble-

Je consulte une podologue pour mes pieds. Diagnostic : c’est une macération de la plante des pieds à cause des chaussures mouillées. La peau est devenue toute molle, blanche et fripée. C’est très douloureux, mais il n’y a rien à faire d’autre qu’attendre. A côté de ça, les 2 petites ampoules qu’elle me soigne ne me gênaient pas du tout.

 

20150620_225340

Nous dégustons la truffade locale et nous admirons notre “super” cadeau finisher : un “magnifique” béret noir, que je ne pense pas remettre de sitôt. (ou alors seulement lors de soirées costumées).

De retour à l’internat, la douche fait un bien fou, mais c’est surtout mon lit que j’attends avec impatience. Nous sommes déjà debout depuis plus de 24h, avec une nuit blanche et une journée pas vraiment reposantes :o)

Le dimanche, il faut déjà penser au retour. Petit déjeuner avalé et sac bouclé, nous reprenons le chemin de la Bretagne. Nous faisons quelques pauses sur la route pour nous reposer et nous restaurer. Je pense que les personnes croisées sur les aires d’autoroute ont dû nous trouver étranges avec nos démarches de cowboy.

J’aurai pas mal de courbatures les jours suivants, mais bizarrement, elles disparaitront assez rapidement, me permettant de recourir le vendredi suivant. A part une grosse fatigue générale, pas de blessure à déplorer. (Je verrai juste la peau de mes plantes de pieds partir petit à petit en lambeaux, les semaines qui suivent)

Fin du récit

 

 

J’aurai beaucoup utilisé le “nous” dans ce récit : je ne pense pas que j’aurais pu arriver au bout de la course sans le soutien de Stéphane et Yvann. Le terme course en équipe a vraiment pris tout son sens. Un grand merci également à Guy de nous avoir embarqué dans cette galère aventure.

Il est à noter que nous avons pu profiter d’une super ambiance et d’une super organisation en nous intégrant à une groupe de l’AS Orange. Sur leur list ede diffusion, nous recevions tous les mails qu’ils échangeaient. On se demande s’ils arrivent à trouver du temps pour travailler.

En finissant la course, je me suis dit “plus jamais ça”, mais finalement, le temps passant, je me dis “Pourquoi pas” …

 

 

Petite note aux coureurs : si dans vos chaussures de running, vous avez des semelles de propreté faites dans une sorte de mousse, sachez que c’est sans doute moelleux et très bien pour absorber un peu la transpiration quand il fait chaud, mais ça sèche très mal. Les semelles de base en “polystyrène”  blanc sèchent beaucoup plus vite car elles ne retiennent pas l’eau.